Mémoires de Résistance
 


Ayant des amis dans la Creuse, un camion doit me prendre au cours de la nuit. Impossible de trouver le sommeil, mais le matin à 8h, les Docteurs viennent me rassurer, pour confirmer mon séjour. Le milicien a été descendu le soir après son arrivée.


L’insouciance, peut-être l’inconscience, ce qui fait que la beauté de la jeunesse dans ces circonstances dramatiques, aurait pu avoir des conséquences graves. Nous étions 3 blessés avec cannes, béquilles, à faire la course dans le couloir parmi les féroces gardiens qui nous applaudissaient. Notre intrépidité alerte le Directeur de l’hôpital qui exige notre départ dans les plus brefs délais. Un rappel à l’ordre avait déjà été donné pour les javas le soir dans la chambrée, avec le ravitaillement de la Résistance espagnole.


Je quitte l’hôpital de Cahors avec mon Chef, excellent camarade, Pierre MINET, blessé comme moi, qui repart avec sa mère sur Chaumont, en Haute Marne. Lui, muni de faux papiers. Quant à moi, je n’ai que ma canne et mes lunettes noires. Plus tard, les cheminots, qui font un travail considérable dans la Résistance, nous affirment que le traître Hercule, précédemment cité, nous attendait à la gare. Comment le savait-il ? Il a du quitter les lieux précipitamment à la suite d’un coup de fil.


Nous nous installons en 2ème classe. Les officiers allemands et les jeunes francs garde de PETAIN sont très prévenants en m’aidant et en me passant des journaux. Quelle ironie du sort ! Je rappelle que le fameux Hercule a été fusillé à Cahors après avoir fait exterminer un bon nombre de camarades maquisards.


Le train démarre en direction de Paris. Arrivés à Vierzon, contrôle des papiers. J’aperçois les officiers allemands avec le brassard jaune qui se préparent à monter dans les wagons.
L’émotion est à son comble, mais la chance insolente continue. Le train redémarre, mon compartiment étant le seul à ne pas être contrôlé.


A Moret sur Loing, les bombardiers légers américains, « Lookeed », mitraillent le convoi, sans conséquences graves. A Juvisy sur Orge, bombardement massif de la gare, le feu partout, la locomotive pulvérisée, les rails se dressent vers le ciel ; c’est l’apocalypse.


Je décide de quitter ces lieux pour tenter de rejoindre des membres de ma famille habitant Savigny sur Orge. La route est longue et la marche pénible. Je dois m’arrêter tous les 10 mètres. Une jeune passante me propose de m’aider et de me conduire au Commissariat de Police, ce qui ne me rassure pas. La « chance », encore elle, veut que mon jeune cousin me reconnaisse et me dirige chez son père qui bénéficie d’un S.P. (Service Public).

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